Avril 2004 : Les dix ans du génocide des Tutsi au Rwanda

Il Faut Agir !

 

Malgré l'horreur et le traumatisme du génocide de 1994, aujourd'hui des Rwandais se battent pour reconstruire la paix et l'unité de leur pays. Se rappeler, c'est pour nous un devoir de justice vis-à-vis des Rwandais, mais c'est aussi un moyen d' affirmer notre volonté qu'un tel évènement ne puissent plus se reproduire.

Plus jamais ça !

Plus jamais de génocide !

Plus jamais d'implication du gouvernement français entraînant plus d'un million de mort !

Maintenant nous devons agir !

 

Notre démarche n'est pas simplement celle d'une commémoration, mais bien plus celle d'une prise de conscience. Le chemin sera encore long pour créer d'autres relations entre des pays et des peuples qui peuvent encore si peu s'aborder sur un pied d'égalité. Mais il faut tout de suite changer de cap et refuser le silence qui se fait sur les souffrances des peuples. Il s'agit de réfléchir sur notre manière d'agir dans notre vie de tous les jours et d'assumer les responsabilités individuelles et collectives qui découlent de notre citoyenneté.

 

Génocide rwandais : les Français veulent la vérité sur le rôle de leur pays

Texte rédigé par l'association Survie

 

Le 7 avril 2004 sera commémorée à travers le monde la dixième année consécutive au génocide rwandais – au moins un million de civils de tous âges massacrés en trois mois dans des conditions d'une horreur inouïe, à cause de l'ethnie Tutsi qui leur était imputée, pour le crime d'être né Tutsi ou d'avoir un « faciès tutsi » ou pour ne pas avoir voulu collaborer au plan d'extermination.

Plusieurs rapports d'organisations internationales et de nombreux ouvrages ont montré que parmi les complicités extérieures, celles de la France étaient de loin les plus actives. En 1998, une première mobilisation citoyenne a suscité la création, par l'Assemblée nationale, d'une « Mission d'information parlementaire ». Cette approche délibérément “prudente” était déjà une déception : il était demandé une « Commission d'enquête », dotée de moyens nettement plus puissants, traduisant une volonté d'aller à la vérité.

Il est très vite apparu que l'initiateur et président de cette Mission, l'ancien ministre de la Défense Paul Quilès, entendait en limiter les résultats. Les témoins souhaitant énoncer des faits précis impliquant une complicité des autorités politiques et militaires françaises ont été écartés des auditions publiques. Certains acteurs de premier plan de cette tragédie, notamment l'ex-capitaine Paul Barril ou les responsables des officines françaises de ventes d'armes qui n'ont cessé d'alimenter l'armée génocidaire, n'ont pas été auditionnés. Des témoins de mauvaise foi n'ont pas été confrontés avec d'autres acteurs du drame qui pouvaient contredire leurs déclarations, ni amenés à témoigner de nouveau devant une mission mieux informée.

Pourtant, une minorité de députés au sein de la Mission voulait la vérité. Elle a fait en sorte que le Rapport de la Mission contienne une mine d'enseignements. La fin des Annexes est d'ailleurs à elle seule, implicitement, un véritable réquisitoire. Mais le 15 décembre 1999, court-circuitant les rapporteurs, le président Quilès assume devant les télévisions la conclusion de la Mission : la France n'est « nullement impliquée » durant le déchaînement de violence au Rwanda. Il s'en tient à cette phrase-clef du Rapport : « La France n'a en aucune manière incité, encouragé, aidé ou soutenu ceux qui ont orchestré le génocide. »

Tel est pour le moment le dernier mot de la France. Il a pour conséquence que notre pays, pourtant le plus concerné, n'a pas, contrairement à la Belgique, aux Etats-Unis et à l'ONU, demandé pardon au peuple rwandais. Et qu'évidemment la France se refuse à la moindre réparation envers les rescapés et les familles des victimes.

Nous, citoyens français, n'acceptons pas cette forme de négationnisme. Nous disposons de nombreux éléments donnant à penser que notre pays a continué d'apporter, alors que l'exécution d'un génocide ne faisait plus aucun doute, un soutien diplomatique, militaire, financier et de propagande à l'appareil génocidaire (le gouvernement intérimaire, reconnu responsable du génocide par le Tribunal pénal international d'Arusha, l'armée, les milices). Puisque notre Assemblée nationale s'est autocensurée, les citoyens doivent prendre le relais. Les actes et décisions des autorités françaises sont mis en œuvre au nom des citoyens. Ces derniers ont le droit, plus encore le devoir de veiller à ce qu'ils ne soient pas en contradiction avec les principes fondateurs de la République.

Nos associations, et un certain nombre de personnalités et de citoyens français, ont décidé de constituer une Commission d'enquête citoyenne qui examinera, du 22 au 26 mars 2004, l'ensemble des éléments à sa disposition faisant peser sur la France le soupçon d'une complicité multiforme avec l'un des plus graves crimes du XX ème siècle.

Cette Commission, composée de personnalités associatives ou qualifiées, disposera évidemment de beaucoup moins de moyens que le Parlement ou la Justice – à laquelle elle n'entend en aucune façon se substituer. Mais la modicité des moyens a pour contrepartie l'indépendance, elle est compensée par une volonté indéfectible – celle que nos députés semblent avoir abdiquée devant la « raison d'État ». La Commission s'engage à scruter avec le maximum d'honnêteté et d'objectivité les documents qui seront portés à sa connaissance, à entendre et interroger impartialement les témoins qui accepteront de venir s'exprimer devant elle. Ses travaux seront intégralement enregistrés et publiés.

Elle espère ainsi débloquer le verrouillage historique, médiatique, juridique et judiciaire sur la question de la complicité présumée de notre pays. Les conséquences de ce déblocage sont assez évidentes – à la mesure de l'énergie incroyable mise dans le verrouillage. Au-delà de l'indispensable réparation, il s'agit pour nous de comprendre les mécanismes d'incontrôlabilité et d'impunité dans notre appareil d'État, de manière à empêcher des récidives. Rappelons par exemple que notre pays s'est, entre 1998 et 2003, fait le complice d'un pouvoir qui, au Congo-Brazzaville, a commis une longue série de crimes contre l'humanité. Le négationnisme pourrit l'histoire.

Texte rédigé par l'association Survie


 

Aujourd'hui, il est donc impossible de laisser passer en avril 2004 la commémoration des dix ans du génocide rwandais ! Il nous faut agir !
Si vous souhaitez avoir plus d'informations ou participer à cette campagne d'actions, alors contactez nous :
rwandaplusjamaisca@yahoo.fr